La rubrique des saisons (4)

Publié le par Cipion

L’ETE.

« Lumière profuse ; splendeur. L’été s’impose et contraint toute âme au bonheur » (A.Gide).

« Pourquoi tomber déjà, feuille jaune et flétrie ?

J’aimais ton doux aspect dans ce triste vallon.

Un printemps, un été furent toute ta vie,

Et tu vas sommeiller sur le pâle gazon. » (Elisa Mercoeur)

L’été, chez nous, c’était alors l’arrivée des vacanciers, des vrais, ceux qui venaient de loin, du nord généralement, au-delà de Montélimar, à la recherche du soleil, du sable blond et de la Grande Bleue. Ici, en majorité, ils ne faisaient que passer mais c’était suffisant pour animer le paysage…. « le bouchon », le « fameux bouchon » sur la R.N.7, c’était ici !

La Grand’Rue (baptisée depuis « Ambroise Croizat », pauvre Ambroise, peu de tourvains se souviennent de lui) (1), la Grand’Rue donc était une des artères les plus fréquentées de France, peut-être même d’Europe, en tous cas beaucoup d’étrangers « d’autres pays » (2) la connaissait avec… l’atelier de tonnellerie d’Auguste Lieutard et ses fils et celui de Marius Baudisson, le menuisier…. Avec le magasin de « grains et fourrages » de Messieurs Plauchier et Requier. Il y avait même l’atelier de couture de Marie Martin et l’imprimerie de Joseph Lambert et, aussi, le bureau des PTT (l’ancêtre de La Poste). Vous ne me croirez peut-être pas mais vers 1930 Gabriel Blanc dit « Gros Biè » y créa le premier garage de réparation des automobiles…il fallait le faire !

Il faisait chaud sur la place de l’hôtel de ville, les banquets étaient brûlants même sous le marronnier et certains, transpirant, regardaient avec émotion Monsieur Rampin, le garde-champêtre, essayer de mettre de l’ordre dans ce charivari.

Il faisait chaud, ça donnait soif, c’est pourquoi de nombreux bars offraient, béante, leur hospitalité de fraîcheur surtout pour les gosiers de nos anciens. Nous trouvions : le bar de la gare, celui du Lapin Blanc, celui des Alliés, le Grand Bar, le Sport Bar, l’Eden Bar, le bar des Pouars Sangliers, le bar Central, le bar Tabac, le Modern Bar….il y en eut beaucoup d’autres. Etablir une liste complète, sans oubli, paraît avec le temps très difficile si ce n’est impossible.

Les bars se multipliaient donc et chacun avait son eau fraîche presque exclusivement réservée au pastis…vous savez… 1 tiers de pastis et 3 tiers d’eau …c’est une boutade mais c’est un peu cela !

Mais comment les « bistroquets » d’alors, sans réfrigérateurs, faisaient-ils pour avoir de l’eau fraîche ? Il y avait bien la « gargoulette » mais son débit était insuffisant, d’ailleurs, le plus souvent elle restait au cabanon accrochée à la treille qui recouvrait la terrasse. Alors les « bistroquets » utilisaient la glace, oui la GLACE, elle arrivait au village par le train, en pains…de glace. Elle était immédiatement distribuée par Cissé (Auguste Recours), sa charrette et son âne Toby. Placée dans des glacières zinguées, un pain de glace pouvait tenir 3 jours, c’était suffisant pour les fêtes ou les fins de semaine (mon voisin, un parisien naturalisé, dit « ouic inde », il paraît que c’est plus pratique…bon !)

  1. A.Croizat, (1901-1951) syndicaliste militant, député, ministre à la libération ; père de la Sécurité Sociale notamment.
  2. Pour les distinguer des "estrangers" de BRAS, ROUGIERS ou ST.MAXIMIN.

Publié dans contes

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